mardi 6 janvier 2015

Pas d'obligation

Durant la saison, j’ai travaillé dans quelques garderies dont une familiale. L’éducatrice de cette garderie, Doris, avait sous sa responsabilité 6 enfants dont 3 étaient les siens. Doris aimait beaucoup le jardinage et elle voulait transmettre cette envie aux enfants. Elle avait à sa disposition une parcelle dans un des jardins communautaires de son quartier.

De mars à octobre, nous avons fait plusieurs activités avec les enfants : semis, plantation, chasses au trésor, dégustation, etc. Lors de ces ateliers, nous remarquions que la majorité des enfants étaient contents d’y participer, sauf la petite Charlotte. Cette jeune fille, était l’une des filles de Doris, et elle n’aimait pas le jardinage.

Lors d’une activité de plantation, j’ai divisé les enfants en petits groupes de 2 pour que chaque personne puisse jouer dans la terre et avec les plantes. J’ai expliqué l’atelier et j’ai demandé si tout le monde était prêt à commencer, et là j’ai Charlotte qui m’a répondu : «Non, moi je ne veux pas faire ça». Je lui ai expliqué qu’il n’y avait pas de problème, qu’elle pouvait simplement regarder et que si jamais elle voulait participer, elle était la bienvenue. Une fois l’activité commencée, Charlotte voyant que les autres s’amusaient bien, est venue se joindre aux groupes. Sa mère et moi, nous nous regardions pensant qu’elle prenait goût au jardinage. On se trompait... À la fin de l’atelier, j’ai posé la fameuse question: « Est-ce que c’était amusant? Est-ce que vous avez aimé ça? » et la réponse était un grand OUI sauf pour Charlotte qui a dit un grand NON et en disant que c’était sale. C’était la réponse que j’obtenais après chaque activité, mais à chaque fois elle participait de son plein gré.

La saison de jardinage s’est achevée... Je suis retournée chez moi bien au chaud pendant l’hiver et j’ai repensé à l’année qui venait de passé. Et surtout, je réfléchissais à de nouvelles activités pour l’année suivante.

Au retour du printemps, je suis retournée dans le quartier de la garderie familiale afin d’observer les lieux et pour réfléchir sur les nouveaux ateliers pour les enfants. Lors de ma promenade, j’ai entendu une petite voix m’appeler, je me suis retournée et vu Charlotte courir vers moi. Là, elle s’est arrêtée nette devant moi et m’a demandé : «Quand est-ce qu’on fait du jardinage? J’aime trop ça! »

Durant toute la saison passée, je n’ai jamais obligé Charlotte à faire du jardinage. C’est toujours elle qui a décidé si elle participait à l’atelier ou pas. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans sa tête, mais la saison d’après, elle a toujours été  volontaire même pour toucher aux vers de terre. Ne forcez pas les gens à participer, ils vont venir d’eux-mêmes.

vendredi 5 décembre 2014

Prendre son temps

Dans l'un des jardins ou je travaille nous accueillons des familles pour nous aider à entretenir le potager. Les parents et les enfants reçoivent un cours sur le jardinage écologique tout en faisant le tuteurage des tomates, l'arrosage, le désherbage, etc. À la fin des sessions, nous faisons la récolte et chaque famille repart avec un tiers des légumes.

Lors de ces rencontre, nous commençons par faire le tour du jardin pour connaitre le travail à effectuer auprès des plantes. Ensuite, nous nous répartissons le travail (je dis Nous mais moi je suis généralement une observatrice) en fonction de nos envies. Une des enfants présentes, Léa (prénom fictif) 11 ans, était toujours la première à se porter volontaire pour toutes tâches et elle les réalisait très rapidement et correctement. C'est une bonne chose de travailler vite et bien mais parfois il faut savoir prendre son temps, et le jardin est le meilleur endroit pour ça.

 En discutant avec Léa et ses parents, j'ai pu mieux saisir le comportement de la jeune fille. C'est une personne qui se porte toujours volontaire, fait le travail demandé rapidement, fait beaucoup de sport de vitesse, est toujours en mouvement, surtout comprends très vite, aime les défis, etc. Une personne qui ne prends pas le temps de relaxer ou d'observer son travail accompli.

En connaissant cela, j'ai décidé de tenter une approche avec la jeune fille. Tout d'abord, je lui ai exprimé ma perception de sa facilité d'apprentissage et sa capacité de réaliser une tâche rapidement. Ensuite, je lui ai expliqué qu'un jardin c'est un endroit calme et reposant donc ce n'est pas la peine d'aller si vite car cela ne fera pas pousser les plantes plus rapidement. Après, je lui lançais des défis de rapidité comme ôter les drageons en 15 minutes au lieu de 10 minutes. Bien sûr j'ai mis de l'avant sa capacité à assimiler rapidement en la désignant comme mon assistante. Léa devait expliquer et montrer, et j'insiste sur montrer, les nouvelles et les anciennes activités aux autres personnes présentes dans le jardin. 

Avec cette approche, Léa a pu mettre en valeur sa capacité d'apprentissage, non pas en le faisant rapidement mais en partageant ses connaissances. À la fin de la saison, Léa est venue me voir pour me dire qu'elle trouvait cela «génial de montrer aux autres» ce que l'on a appris. Elle en a retiré une grande fierté. En espérant qu'elle le refasse ailleurs que dans un jardin.

dimanche 30 mars 2014

Horticulture sociale dans le Quatre-Temps

Il me fait plaisir de mentionner que l'édition printemps 2014 de la revue Quatre-Temps (amis du Jardin Botanique de Montréal) contient plusieurs articles dédiés à l'horticulture sociale dont l'hortithérapie.

Je vous joint un des article qui relate l'expérience effectuée à l’hôpital Douglas de Montréal. Vous allez découvrir le déroulement des ateliers donnés par Marielle Contant et Jacques St-Hilaire, les 2 horticulteurs responsables de ces activités ainsi que les commentaires des participants.

Dans l'article, il y a un encadré qui me mentionne intitulé Rare au Québec. Il fait référence au peu de documentation en français sur l'hortithérapie ainsi que du fait qu'il n'y a pas de formation au Québec sur ce métier.

Bonne lecture.

Cliquez sur l'image pour la voir en plus grand.








samedi 28 septembre 2013

De jeunes autistes à la découverte du jardinage

Au début de l'année, j'ai lu un article très intéressant sur le lien entre le jardinage et les personnes autistes ainsi que celles atteintes d’Alzheimer. Dans ce document, il faisait la comparaison entre tenir une fourchette et planter un végétal. Pour résumer l'article, le journaliste disait que les intervenants devaient montrer à leurs patients le sens pour utiliser une fourchette, mais lors d'une plantation, les participants savaient d'instinct que les racines se mettaient dans le sol et que les feuilles étaient vers le ciel.

Cette année, nous avons créé un jardin dans une école de l'arrondissement Saint-Laurent. Le projet était que les enfants sèment au printemps, plantent à l'été et récoltent à l'automne. Ce fut un grand succès. Dans cet établissement, il y a deux classes de 6 enfants autistes. Nous les avons intégrés dans le projet de jardin, surtout dans le volet plantation.

Voici le déroulement de la journée de plantation : 

  • Avant de commencer à planter, j'ai fait sentir et toucher aux élèves les plantes vivaces sélectionnées (mélisse, thym, géranium odorant, herbe à chat, etc.). Ils sont très expressifs et on le sait tout de suite s'ils aiment ou n'aiment pas l'odeur d'une plante. Certains jeunes ne voulaient pas sentir, on ne les a pas forcés, c'est leurs choix et il faut le respecter.
  • Ensuite, nous nous sommes dirigés vers le lieu de plantation. Afin de familiariser les élèves à la terre, nous avons dessiné, écrit notre nom dessus, pris des poignées de terre pour la laisser s’échapper entre nos doigts, car pour certains c'était la première fois qu'ils touchaient à la terre. Avant de commencer, j'avais sorti des gants de jardinage, car leurs éducateurs m'avaient mentionné qu'ils n'aimaient pas être salis, mais sur les 12 enfants seulement un en a voulu.
  • Enfin, la plantation commence. Les enfants ont creusé le trou avec leurs mains (ils étaient très contents) et maintenant ils attendent les végétaux. Alors, je décide de donner la plante dans le sens horizontal aux participants. Chaque élève prend sa plante, la retourne sans hésitation, en mettant les racines dans le trou de plantation. Je fais un deuxième essai, je donne cette fois-ci la plante avec les racines vers le haut et j'observe leur réaction. Ils refont la même chose, ils retournent la plante en mettant les racines vers le bas. J'étais très heureuse de constater leurs instincts en action.
  • À la fin, les éducateurs sont venus me rencontrer afin de partager leurs étonnements et leurs joies sur la réussite de la plantation.
  • 3 mois plus tard, nous sommes revenus voir les enfants, pour leur montrer les plantes et leur faire goûter la récolte de tomates et autres que nous avons faits avec les autres classes. Quelques-uns se souvenaient de nous, mais la majorité se rappelait d'avoir joué dans la terre et d'avoir planté. Et parmi eux, un se souvenait exactement de la date de plantation et le nom des personnes présentes lors de cette activité, incroyable!

Pour moi, ce test était une belle réussite que je veux renouveler l'année prochaine en faisant plus d'activités avec les jeunes autistes. Avez-vous déjà travaillé dans un jardin avec des autistes et qu'elle a été votre expérience?




dimanche 4 août 2013

Article de magazine sur l'hortithérapie au Québec

Je suis heureuse de vous présenter un article paru dans le magazine Québec Vert (volume 35, numéro 4, Été 2013) qui mentionne mes travaux ainsi que ceux d'autres acteurs du petit monde d'hortithérapie au Québec. Cliquez sur l'image pour lire le texte.








dimanche 9 juin 2013

Les bienfaits de la nature sur notre santé mentale

Je vous résume ici les propos du Dr Kang, qui est psychiatre et auteure, recueillis sur le blogue Docs Talk de la Fondation David Suzuki. Elle  recommande aux personnes de passer le plus de temps possible à l'extérieur dans la nature pour une bonne santé mentale.

«Notre biologie interne nous récompense quand nous faisons quelque chose d'important pour notre survie. Cette récompense est un sentiment de bien-être, de rajeunissement ou de plaisir, et elle est véhiculée par les neurotransmetteurs de notre cerveau. Quiconque s'est déjà senti mieux en allant à l'extérieur dans la nature a connu cette récompense. C'est la façon de nous dire de le faire à nouveau, être dans la nature est important pour notre survie.»

«Et en 2008, des chercheurs de l'Université de Glasgow ont trouvé que l'exercice en plein air produit une amélioration de 50 pour cent en santé mentale par rapport aux activités comme la course et le vélo dans le gymnase. Le temps que nous passons dans la nature nous rend plus sain et plus heureux, tout en réduisant l'apparition de maladies physiques.»

Une de ses patientes avait des symptômes qui ressemblait à la dépression. Le Dr Kang ne lui a pas prescrit de médicaments mais lui a demandé le nombre d'heures qu'elle passait à l'extérieure. Après une hésitation et un moment de réflexion, la patiente a déclaré qu'elle passait à l'extérieur «90minutes par semaine». La patiente à réalisé qu'elle devait passer plus de temps à l'extérieur et s'est promis de le faire pendant plusieurs semaines. Elle n'est plus revenue au cabinet du docteur Kang et n'a pas eu besoin d'antidépresseur.

«Puisque les enfants sont encore en développement, à la fois physiquement et mentalement, les avantages d'être dans la nature sont beaucoup plus importantes pour eux. Une étude dans le Journal of Medicine américain a constaté que les enfants qui jouaient dehors développaient une plus grande créativité et de meilleurs compétences en résolution de problèmes ainsi que des compétences de coopération et d'auto-discipline

«Pourquoi pensez-vous que presque tous les bébés cessent de pleurer quand nous les prenons à l'extérieur? Nous sommes biologiquement amenés à être dans la nature.»

Lire l'article dans sa version originale. 

samedi 4 mai 2013

Article sur la santé physique et mentale au jardin


Un petit article très intéressant sur les bienfaits des plantes et du jardinage sur notre santé. Je vous propose quelques extraits particulièrement pertinents :

« Des résultats d’études menées auprès d’étudiants universitaires japonais indiquent que mettre des plantes ornementales dans une pièce améliorerait l’humeur et la capacité d’attention et de concentration. »

« Trente minutes de jardinage permettraient de brûler de 125 à 200 calories, comparativement à 142 à 227 calories pour une marche vigoureuse de 30 minutes. »

« Les 220 participants qui s’adonnaient régulièrement aux joies du bêchage et du désherbage estimaient, dans 75 % des cas, avoir suffisamment d’énergie pour affronter les impératifs de la vie quotidienne. »

Si vous voulez vous remettre en forme plus besoin d'aller dans un Gym, mais allez plutôt dans votre jardin profitez du beau temps et jouer dans la terre avec votre famille. ; )

Lire l'article complet: Jardiner pour le plaisir et la santé!